Le monde de l’infiniment petit
Une nanoparticule mesure 1 à 100 nanomètres. Transformé en nanoparticules, l’argent devient antibactérien, l’or catalyseur, certains isolants conducteurs, etc. Leurs propriétés – et la toxicité éventuelle des nanoparticules sur l’organisme humain – vont dépendre de multiples paramètres : taille de la nanoparticule, forme, état d’agglomération…
Où trouve-t-on des nanoparticules ?
Il existe des nanoparticules à l’état naturel (fumées des feux de forêt, vents de sable, pollens, cendres de volcan…), mais aussi dans les gaz d’échappement et fumées d’usine. Tout d’abord utilisées pour miniaturiser nos téléphones mobiles et ordinateurs, les nanomatériaux sont aujourd’hui employés dans toutes sortes d’applications. Le « noir de carbone nano » augmente la durée de vie des pneumatiques et réduit les émissions de CO2. Dans l’agriculture, la silice nano améliore l’homogénéité des intrants (produits ajoutés dans le sol pour améliorer le rendement des cultures) et les rend plus faciles à épandre. La silice nano est également utilisée dans le sucre, le sel et la farine pour les rendre plus fluides. Légers et résistants, les nanotubes de carbone entrent dans la composition des raquettes et des vélos. On trouve également des nanoparticules dans les cosmétiques, dans les médicaments et dans les confiseries, gâteaux et assaisonnements, sous forme d’additifs et de colorants, à l’effet purement esthétique.
Nano dioxyde de titane dans les crèmes solaires, nano oxyde de silicium dans les aliments, nano-argent dans les textiles… Les nanoparticules se sont imposées dans notre quotidien, dans la pharmacie, l’agroalimentaire, le bâtiment ou le textile. 10 000 fois plus petites qu’un grain de sel, elles soulèvent, à raison, de fortes inquiétudes.
Quels dangers pour l’homme et l’environnement ?
On sait que la taille infime des nanoparticules favorise leur pénétration dans l’organisme (par inhalation, ingestion, pénétration cutanée) et le franchissement des barrières biologiques (de l’intestin ou des poumons vers le sang, du sang vers le cerveau, etc.). Récemment, une équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a constaté une baisse des défenses immunitaires et l’apparition de lésions précancéreuses chez des rats exposés au même dioxyde de titane que celui utilisé comme colorant dans les aliments. Toutefois, à ce jour, il est difficile d’évaluer précisément le risque sanitaire lié à l’utilisation des nanoparticules. Le risque environnemental est encore moins bien évalué. Mais de nombreuses questions méritent d’être posées. Quel est l’impact, par exemple, sur l’écosystème marin du dioxyde de titane et de l’oxyde de zinc employés dans les crèmes solaires ?
Principe de précaution
En attendant d’autres études, le principe de précaution s’impose. L’utilisation du dioxyde de titane, aux vertus uniquement esthétiques, devrait être interdite dans l’alimentation d’ici à fin 2018. D’ores et déjà, le consommateur peut éviter de consommer et faire consommer à ses enfants les produits alimentaires qui affichent E171 (dioxyde de titane), E551 (dioxyde de silicium) ou E172 (oxyde de fer). Tous les produits qui en contiennent devraient mentionner la présence de nanoparticules, mais très peu le font. Ils sont ainsi en infraction avec la législation en vigueur…
Étiquetage : l’info est aussi « nano »
Récentes dans de nombreux produits alimentaires et cosmétiques, les nanoparticules devraient être mentionnées sur les étiquettes. Une obligation qui date de 2014 pour les produits alimentaires et 2013 pour les cosmétiques. Pourtant, les industriels choisissent dans la grande majorité des cas de ne pas faire figurer cette mention, se mettant ainsi en infraction avec la loi. Sans compter que certains se retranchent derrière les assurances données par leurs fournisseurs d’ingrédients, sans procéder eux-mêmes à des analyses. Les fabricants de produits finis ont été déresponsabilisés par une faille dans la traçabilité des nanomatériaux : ceux qui en importent, en fabriquent ou en distribuent doivent les déclarer sur un registre géré par le ministère de l’Environnement mais pas ceux qui les utilisent dans les produits finis ! Une situation qui ne peut plus durer.
POUR EN SAVOIR PLUS
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Interview de Francelyne Marano, professeur émérite en toxicologie et en biologie à l’université Paris-Diderot, membre du Haut Conseil de la Santé publique.
Elle revient sur les dangers et les bénéfices des nanoparticules.