Orthophoniste et auteure d’Adieu, la dyslexie ! (Robert Laffont), Béatrice Sauvageot considère qu’on peut faire de la dyslexie une richesse. Explications.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de fautes de français typiques commises par les dyslexiques ?
B. S. : Elles contiennent souvent un sens caché, ou s’expriment à travers un lapsus, comme le « plexus scolaire ! », par exemple. Le lieu de la respiration, d’où part la relaxation du corps, est noué par les difficultés d’apprentissage à l’école ! Le facteur psycholinguistique est prépondérant. J’ai vu un enfant écrire « on démène âge » lors d’un changement de domicile qui l’éloignait de ses grands-parents ! Des fautes d’orthographe différentes commises dans l’écriture d’un même mot constituent un signe également.
Comment combattre la dyslexie ?
B. S. : En valorisant cette différence, en l’encourageant, même ! Car elle est d’une grande richesse, d’une grande poésie. Plutôt que de parler de dyslexie, je préfère employer le terme « bilexie », qui signifie que l’enfant peut maîtriser deux sortes de langage, comme le « bilingue ». Je préconise des exercices au cours desquels l’enseignant demande aux enfants de sa classe de faire volontairement des « fautes créatives ! », de trouver des mots-valises, des expressions imagées. À ce jeu-là, le dyslexique sera valorisé et retrouvera l’estime de lui-même, indispensable à sa progression.
Un dyslexique est donc tout à fait capable d’apprendre à lire et écrire correctement ?
B. S. : Bien sûr ! Il faut juste lui faire emprunter des chemins neuronaux inédits, personnels, émotionnels, artistiques, s’appuyer sur des sons, des images, des couleurs, lui permettre d’avoir accès à une rééducation ludique, attractive, qui sort des sentiers battus de la pédagogie normative. Et puis, le dyslexique ayant un cerveau apte à la résolution de questions complexes, il faut lui faire accepter la simplicité ! En mobilisant le corps et l’esprit autour d’un rituel, de gestes répétés, comme ceux des arts martiaux ou de la danse.