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« Face à un arrêt cardiaque, il faut agir très vite »

Médecin urgentiste au CHRU de Nancy, le Dr Déborah Jaeger a rejoint, pour un an, le Center for Resuscitation Medicine de l’Université du Minnesota, afin d’y poursuivre des recherches sur l’amélioration de la prise en charge de l’arrêt cardiaque. Elle nous présente son projet, soutenu par l’ADPS.

Qu’appelle-t-on arrêt cardiaque ?

L’arrêt cardiaque signifie l’arrêt du cœur, qui permet la circulation du sang et l’oxygénation de nos différents organes. Quand cette pompe s’arrête, très rapidement, le cerveau n’est plus perfusé. Et ses cellules meurent. Tout l’enjeu de la prise en charge de l’arrêt cardiaque est là : faire repartir le cœur au plus vite pour protéger le cerveau.
On estime qu’une minute de cerveau non perfusé équivaut à 10 % de cerveau atteint. Il faut donc agir très vite. Chaque année, en France, 50 000 personnes décèdent des suites d’un arrêt cardiaque.

À quoi est dû un arrêt cardiaque et quelles en sont les conséquences ?

L’arrêt cardiaque est principalement dû à un infarctus du myocarde, qui se produit lorsqu’une artère bouchée empêche une partie du cœur d’être alimentée en sang. D’où l’importance de la prévention, qui passe notamment par une alimentation équilibrée et la pratique d’une activité physique. Mais tous les infarctus ne conduisent pas forcément à un arrêt cardiaque. D’autres causes peuvent aussi en être à l’origine, comme un accident entraînant une grosse perte de sang, la prise de drogue, une noyade, etc.

Face à un arrêt cardiaque, comment éviter le pire ?

Les témoins jouent un rôle déterminant. Ils doivent tout d’abord reconnaître l’arrêt cardiaque – on y est confronté quand la victime est inconsciente et ne respire pas ou de façon anormale, très lentement, en faisant beaucoup de bruit. Il leur faut alors appeler le 15, faire un massage cardiaque et utiliser, si possible, un défibrillateur, en attendant les secours. On ne le répétera jamais assez : la formation aux gestes de premiers secours est essentielle, elle peut sauver des vies ! On estime que le taux de survie après un arrêt cardiaque, en France, se situe entre 10 et 15 %, et qu’il n’y a pas de séquelles neurologiques dans 5 à 8 % des cas.

Justement, l’adrénaline, qui est utilisée pour faire repartir le cœur, est suspectée d’aggraver les lésions cérébrales. Pourquoi ?

Depuis les années 1960, l’adrénaline est la seule molécule qui soit utilisée pour traiter l’arrêt cardiaque. Elle entraîne une vasoconstriction, qui se traduit par le rétrécissement des vaisseaux et l’augmentation de la pression sanguine.

Par ce biais, on fait arriver plus de sang au niveau du cœur pour essayer de le faire repartir. Le problème, c’est que cette vasoconstriction – cette diminution du diamètre des vaisseaux, donc – ferait que le cerveau soit moins bien perfusé. Conséquence : de très nombreux patients restent dans le coma, tandis que d’autres en sortent avec des troubles de la marche, de la parole…

L’une des études auxquelles vous avez participé montre qu’une dose réduite d’adrénaline suffirait. Serait-ce la solution ?

Cette étude a été conduite en 2020 au sein de l’Université de Lorraine. Elle cherchait à répondre à la question de savoir si l’on pouvait réduire la dose de 1 mg d’adrénaline, que l’on donne systématiquement à tout adulte victime d’un arrêt cardiaque, pour faire repartir le cœur.

En administrant trois doses différentes – 1 mg, 0,5 mg et 0,25 mg –, nous nous sommes aperçus que la pression de perfusion coronarienne obtenue avec 0,5 mg était suffisante. Cela reste à confirmer, mais cette dose réduite d’adrénaline pourrait peut-être éviter des lésions cérébrales…

Vous avez rejoint, pour un an, le Center for Resuscitation Medicine de l’université du Minnesota, l’un des centres de recherche les plus importants au monde sur la prise en charge de l’arrêt cardiaque, afin d’y travailler sur les effets de la noradrénaline. Que peut-on en espérer de cette molécule ?

La noradrénaline ressemble beaucoup à l’adrénaline. Mais contrairement à l’adrénaline, la noradrénaline n’augmenterait pas la fréquence cardiaque ni la consommation en oxygène du cœur, à l’origine d’une aggravation des lésions. Pour autant, on ne connaît pas encore bien ses effets sur le cerveau. C’est tout l’objet de cette étude qui doit démarrer début 2023, pour des résultats probablement fin 2023.

Comment l’ADPS vous accompagne-t-elle dans votre projet ?

Cette année de recherche à l’université du Minnesota va me permette de poursuivre mes travaux de recherche.
De plus, il s’agit d’une étape essentielle dans mon parcours professionnel pour devenir professeur de médecine d’urgence en France. Elle représente un coût important. En cherchant des sources de financement, j’ai entendu parler de l’ADPS. J’ai écrit à Yohann Hupel, délégué régional de l’ADPS Lorraine, pour lui présenter mon projet et il s’est montré intéressé. Le don que m’a octroyé l’ADPS m’aide à financer mon séjour et à travailler à l’amélioration du pronostic des patients victimes d’un arrêt cardiaque.

L’ADPS soutient la recherche médicale sur l’arrêt cardiaque

L’ADPS soutient les travaux du Dr Deborah Jaeger.


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