Un langage qui remonte à l’antiquité
Dès l’Antiquité, des écrits attestent que des sourds utilisent une langue des signes.
Au Moyen-Âge, c’est un prêtre français, l’abbé de l’Épée, qui va structurer et démocratiser ce langage. Enseignant le catéchisme aux enfants pauvres, il observe un jour des jumelles sourdes dialoguant par signes et comprend qu’elles parlent une langue. En 1760, l’abbé met au point une méthode d’apprentissage unique de ce langage et fonde la première institution éducative gratuite pour les sourds à Paris, dont l’Europe et les États-Unis s’inspirent, et qui existe toujours ! À l’issue du congrès de Milan de 1880, la langue des signes est officiellement abandonnée en faveur d’un enseignement oral, basé notamment sur la lecture labiale. Mais elle continue à être pratiquée. À partir des années 1970, les sourds militent pour une reconnaissance de leur langue. La loi Fabius, votée en 1991, la réhabilite. La loi du 11 février 2005 reconnaît la LSF (Langue des Signes Française) comme une langue à part entière et promeut sa diffusion.
Une langue vivante et riche
La LSF possède son lexique, sa syntaxe.
Les signes sont basés sur l’utilisation des mains, du regard, de l’espace. « Manger », par exemple, est « signé » en portant les doigts à la bouche, par mimétisme.
L’alphabet des signes de la main, appelé dactylologie, permet d’épeler les noms propres et participent de la construction de nombreux mots. Vacances se signe avec l’index et le majeur de chaque doigt en forme de “V” et les mains croisées touchant trois fois les épaules.
D’autres signes utilisent des symboles. Le mot Facebook est exprimé en portant les mains de chaque côté de son visage reprenant l’idée de la photo du profil.
Dans la LSF, la structure des phrases est : Temps + Lieu + Sujet + Action. Elle utilise l’espace pour exprimer le temps. Le passé est dans le dos du locuteur, le présent à la verticale de son corps et le futur devant. La LSF utilise également les mouvements du corps et les expressions du visage. Ainsi, les sourcils, les yeux et la bouche expriment interrogations, sentiments ou intensité.
Un langage qui se développe et gagne droit de cité
La LSF est aujourd’hui parlée par plus de 100 000 personnes dans l’Hexagone et environ 170 000 dans le monde. Les « entendants » sont de plus en plus nombreux à l’apprendre. Des accueils en LSF se mettent en place dans les administrations, tandis que l’interprétariat en LSF se développe dans les médias et est obligatoire dans les allocutions officielles.
Pour l’apprendre, il existe de multiples moyens : organismes de formation spécialisés partout en France, universités, cours du soir au sein d’associations, enseignement à distance par webcam, programmes de formation en ligne, livres, dictionnaires et même applications téléphoniques et réseaux sociaux.
Un bémol toutefois. Seulement 4 % des sourds suivent des études supérieures en France et 50 % accèdent à l’emploi à l’âge adulte. Gageons que, comme pour l’ensemble des personnes en situation de handicap, les Jeux Paralympiques de Paris 2024, qui viennent de connaître le succès que l’on sait, contribueront à changer le regard et à favoriser l’insertion dans la société des personnes sourdes et malentendantes.