Des phases d’excitation et d’euphorie, auxquelles succède un profond abattement. Tels sont les symptômes de la bipolarité – une alternance entre épisodes maniaques et phases de dépression, dans le langage médical –, dont souffrent aujourd’hui 1,6 millions de personnes en France.
Un diagnostic trop tardif
Si l’on ne guérit pas de trouble bipolaire, ses symptômes peuvent toutefois être soulagés ou évités, à l’aide d’un traitement qui régule l’humeur.
L’une des difficultés réside cependant dans le diagnostic de la maladie.
Effectué jusqu’à présent sur la base d’une observation clinique, celui-ci intervient en effet beaucoup trop tardivement (entre 8 et 10 ans en moyenne).
La raison principale de ce retard ? La ressemblance entre le trouble bipolaire et des troubles de l’humeur, et surtout avec la dépression. L’association PostiveMinders, dédiée aux maladies psychiques, estime même que 40 % des personnes dépressives souffriraient en réalité de bipolarité.
Le risque d’un traitement inadapté
Or, ce diagnostic erroné n’est pas sans risque. Il entraîne une réponse thérapeutique inadaptée, qui peut avoir des conséquences dramatiques, comme un épisode maniaque ou, dans le pire des cas, le suicide.
Et pour cause : bipolarité et dépression ne se soignent pas de la même façon.
Dans le premier cas, des régulateurs d’humeur sont indispensables, en association avec des séances de psychothérapie, tandis que dans le second cas, des antidépresseurs sont prescrits aux patients. D’où les espoirs suscités par la mise sur le marché français, en avril dernier, après une commercialisation en Italie, d’un test sanguin capable de diagnostiquer le trouble bipolaire. Et par là même de le différencier de la dépression.
Séquençage de l’ARN et intelligence artificielle
Baptisé myEdit-B, ce test développé par la société montpelliéraine Alcediag, analyse pour cela les schémas de modifications de l’ARN (les molécules porteuses d’information génétique) dans le sang.
Il fait appel à la fois au séquençage de l’ARN et à l’intelligence artificielle via un algorithme. Avec des résultats prometteurs, puisque deux études cliniques ont permis d’établir un pourcentage de fiabilité du test de l’ordre de 80 %, annonce Alcediag.
Prescrit par un psychiatre, myEdit-B concerne les patients majeurs traités pour un épisode dépressif caractérisé, modéré ou sévère. Son résultat, qui intervient sous quatre semaines, aide le praticien à poser le bon diagnostic, et à définir le traitement approprié. Demeure toutefois une difficulté de taille : son prix, qui avoisine les 900 euros, et n’est pas remboursé par l’Assurance maladie. Dans cette perspective, une étude d’utilité clinique est en cours. Elle devrait durer trois ans.
Chiffres clés
• Entre 1 % et 2,5 % de la population française serait atteinte d’un trouble bipolaire.
• 1 malade sur 2 fait au moins une tentative de suicide dans sa vie.
• 15 % des malades décèdent par suicide.
Source : Haute Autorité de Santé
Un livre pour comprendre la bipolarité
L’ADPS a permis à l’association « Bipolaire ? Si tu savais » de publier Par-delà les vagues, un livre consacré au trouble bipolaire. L’ouvrage est essentiellement destiné aux 15-25 ans, tranche d’âge durant laquelle la maladie se manifeste principalement.
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POUR EN SAVOIR PLUS
Un livre qui peut sauver des vies
L’ADPS soutient financièrement la parution de Par-delà les vagues, un livre sur les troubles bipolaires créé à l’initiative de l’association nancéienne « Bipolaire ? Si tu savais ». Destiné principalement aux 15-25 ans, cet ouvrage vise à mieux faire connaître cette maladie psychique, qu’il importe de dépister très tôt.