Vous êtes handicapé à la jambe gauche et, pourtant, vous participez depuis 2019 à des compétitions de moto. Comment vous est venue l’envie de courir sur les circuits ?
Je suis passionné de moto depuis toujours. En 2006, alors que je roulais normalement en deux roues sur un pont, j’ai fait une chute à cause d’un joint de dilatation qui s’était affaissé sous l’effet de la chaleur. J’en ai gardé un handicap à la jambe gauche.
C’est un ami, à qui il manque un bras, qui m’a montré qu’on pouvait continuer à rouler malgré un handicap, et même faire de la compétition. Cela m’a donné envie. Je me suis acheté une vieille moto que j’ai modifiée pendant un an et demi. Et, en 2019, j’ai pu participer à mes premières courses.
Quels résultats avez-vous obtenus ?
L’an dernier, je suis arrivé troisième au Championnat de France PMR Cup, à l’issue d’une série de courses sur les plus grands circuits : Le Mans Bugatti, Misano, Mugello, Pau Arnos. Cette année, je compte bien conserver ma place, voire progresser. Je reviens justement du circuit du Mans, où j’ai participé aux deux premières manches du Championnat de France. Il en reste encore quatre : à Alès en mai, et à Croix-en-Ternois cet été.
Cette année, l’ADPS a décidé de vous soutenir. Comment cela s’est-il passé ?
La moto est un sport coûteux, qui nécessite d’avoir de nombreux sponsors. C’est Florence Parot, agent Allianz à Aubusson, qui m’a conseillé de m’adresser à l’ADPS.
En étudiant mon dossier et les actions de prévention que je mène dans le cadre de mon association Handi Motors 23, l’ADPS a décidé de m’octroyer une aide importante. C’était le soutien dont j’avais besoin pour me relancer dans le championnat cette année. Sans l’ADPS, cela aurait été très compliqué.
Vous courez sous les couleurs de votre association Handi Motors 23, qui facilite aussi l’accès à la moto des personnes en situation de handicap. Comment faites-vous ?
La moto est faite pour tout le monde ! L’un des objectifs d’Handi Motors 23 est de permettre aux personnes en situation de handicap qui habitent dans la Creuse, ou au-delà, d’y avoir accès. Dans un premier temps, j’aide à trouver le bon matériel, puis je fais les adaptations nécessaires pour pouvoir conduire en sécurité.
Par exemple, pour qu’une personne amputée d’une jambe puisse passer les vitesses, j’installe un piston lui permettant de le faire avec le pouce. À chaque fois, il s’agit de déplacer la commande vers un membre valide, ce qui peut nécessiter beaucoup de temps.
Vous faites aussi de la prévention ?
En effet. L’autre but de l’association est de faire de la prévention routière, soit lors de salons consacrés à la moto, soit dans des collèges ou dans le cadre d’opérations de reprise de guidon, aux côtés des services de la préfecture.
J’insiste sur l’importance d’un bon équipement : casque, blouson, gants, bottes, etc. C’est onéreux, mais mettre de l’argent là-dedans, c’est sauver sa vie ! Avec mon vécu d’accidenté, j’essaye de faire comprendre aux participants que la vie ne tient qu’à un fil et qu’on peut, du jour au lendemain, avoir un grave accident, même en étant prudent.
« J’ai rencontré Yann Boès à la suite d’un article de la presse locale, qui retraçait son expérience de vie et son engagement dans l’handisport et la prévention, à travers notamment son association Handi Motors 23. Nous partageons une passion commune pour les sports mécaniques, en particulier la moto. Son dynamisme et son envie de bien faire correspondent aux valeurs que je soutiens, tout comme ses actions de prévention. C’est pourquoi Allianz le sponsorise depuis un an.
Afin qu’il bénéficie également de l’appui de l’ADPS, je l’ai aidé à constituer un dossier. L’aide que l’ADPS lui a accordée a été très bien accueillie : il s’agit d’un montant qui a grandement et positivement impacté les actions de Yann Boès, confortant ainsi son engagement sportif et associatif. Ce soutien est un marqueur fort de l’engagement de l’ADPS auprès de l’handisport, des actions de prévention et d’inclusion. »
Florence Parot, Agent Allianz à Aubusson