Une découverte française, développée par une Américaine
La découverte de l’ARN messager remonte à 1961. Cette année-là, trois chercheurs de l’Institut Pasteur, Jacques Monod, François Jacob et André Lwoff, formulent une hypothèse : pour fonctionner, nos cellules ont besoin d’une « recette de fabrication » des bonnes protéines. Ils mettent alors en lumière la molécule chargée de transmettre à chaque cellule le bon code génétique : l’ARN (Acide RiboNucléique) messager. Cette découverte leur vaudra d’obtenir conjointement le Prix Nobel de médecine en 1965.
Utilisés pour la première fois dans le cadre de l’épidémie de Covid 19, les vaccins à ARNm bénéficient des travaux de la biochimiste Katalin Kariko, une Américaine d’origine hongroise. En 2005, elle met au point une méthode pour prévenir la réponse inflammatoire à l’ARN messager. Une découverte capitale qui ouvre la voie au vaccin. Cette chercheuse est aujourd’hui pressentie pour recevoir le prochain Prix Nobel de chimie.
Séquencer le génome du virus
Le vaccin à ARNm fonctionne différemment d’un vaccin classique, qui injecte du virus inactivé dans le corps, afin de déclencher une réaction immunitaire et la production d’anticorps.
La technique de l’ARN messager consiste, en premier lieu, à séquencer le génome du virus, puis à isoler la partie du virus contre laquelle lutter. Dans le cas de la Covid-19, il s’agit de combattre la protéine S, qui enveloppe le virus, et dont les « épines » lui permettent « d’entrer » dans les cellules. Cette partie du génome est copié. Cette « réplique », c’est l’ARN messager. Elle est injectée via le vaccin dans notre organisme et « donne l’ordre » aux cellules de fabriquer ces protéines S virales inoffensives ou « antigènes », qui vont entraîner la fabrication d’anticorps. Si le virus rentre à l’avenir dans l’organisme, il sera reconnu et rapidement détruit.
Comment fonctionne un vaccin à ARN Messager ?
De multiples avantages
La grande force de l’ARNm réside dans la – relative – simplicité de son mécanisme, qui lui permet de s’adapter aux variants du Covid-19 en analysant leur nouveau code génétique puis en suivant les mêmes étapes que celle décrites plus haut, afin de combattre la fameuse protéine S.
Les espoirs de décliner à l’avenir cette solution ARN messager pour d’autres virus, mais aussi cancers ou bactéries, sont réels. Le vaccin à ARNm est facile à produire et peut même se conserver à plus haute température que les premiers vaccins Pfizer et Moderna, qui n’ont pas, dans l’urgence de leur autorisation de mise sur le marché, pu bénéficier de cette avancée. Il présente peu d’effets secondaires, et aucun de grave. Enfin, faisons taire une rumeur, il ne risque pas de modifier notre ADN ! Au contraire de la thérapie génique, qui agit au niveau du noyau de la cellule, l’ARNm gravite autour de ce dernier, dans ce qu’on appelle le cytoplasme, et il est rapidement détruit par l’organisme une fois son « message » délivré.