Pour Pascal Clerc, médecin généraliste en maison de santé pluriprofessionnelle aux Mureaux et membre titulaire de la Société française de médecine générale, le médecin traitant joue un rôle essentiel dans la coordination des soins.
Santéclair vient de commander une étude sur la polymédication des plus de 65 ans. Ce phénomène concerne-t-il davantage les personnes âgées ?
P. C. : Les plus de 65 ans sont en effet plus nombreux à être concernés par la polymédication, mais celle-ci peut toucher aussi les jeunes atteints d’une maladie chronique, telle que l’asthme, l’eczéma ou l’acné, en cas d’autres maladies associées. Plus tard, et surtout à partir de 65 ans, le vieillissement de nos organes ainsi que l’apparition d’autres pathologies vont conduire à un accroissement de prescriptions.
Comment prévenir cette polymédication ?
P. C. : En travaillant beaucoup plus sur une prise en charge non médicamenteuse des facteurs de risque des maladies chroniques : ne pas fumer, avoir une hygiène alimentaire correcte, faire de l’exercice physique… Tout cela est bien connu, mais pas forcément facile à mettre en place. Et puis, en tant que médecins, nous devons nous interroger avant chaque prescription sur les bénéfices/risques d’un médicament. Dans certains cas, comme pour un infarctus du myocarde, il n’existe pas de marge de liberté, mais bien souvent la question peut se poser. Aujourd’hui, la prise de médicaments s’est banalisée, alors qu’ils sont de plus en plus puissants et doivent être prescrits avec précaution. D’une manière générale, des efforts doivent être faits sur la formation médicale initiale et continue des médecins sur la pharmacopée.
Les résultats de l’étude de Santéclair font apparaître la nécessité d’une meilleure coordination des soins. Comment y parvenir ?
P. C. : Il y a un vrai problème de coordination des soins dans notre pays. Nombreux sont les patients à avoir deux ou trois ordonnances en poche, mentionnant parfois les mêmes médicaments. Le rôle du médecin traitant et du pharmacien est ici primordial. Il revient au médecin traitant de faire la synthèse de tous ces traitements, de questionner les patients, de communiquer avec les confrères spécialistes si nécessaire et d’engager avec eux un dialogue sur l’opportunité de tel ou tel traitement. Il revient au pharmacien d’alerter le médecin si nécessaire. Mais pour cela encore faut-il que la communication informatisée entre professionnels de santé soit améliorée. Or, de ce point de vue et malgré une tentative avec le dossier médical partagé (DMP) et les messageries sécurisées, nous en sommes encore à l’ère du bricolage.