Pour la psychologue Marie de Hennezel, auteur de L’Âge, le désir et l’amour et de Et si vieillir libérait la tendresse ? (à paraître en septembre), il faut, après 60 ans, tendre vers une sexualité spirituelle.
Comment qualifieriez-vous la sexualité des seniors ?
Il faudrait d’abord reconnaître qu’elle existe ! Au sein de nos sociétés dites « modernes », le sexe est largement associé à la jeunesse, et la sexualité des personnes âgées est encore malheureusement un sujet tabou. Or, il n’y a pas d’âge pour le désir amoureux, le plaisir érotique et l’intimité charnelle. Les pires ennemis d’une sexualité au long cours ne sont d’ailleurs pas les limitations physiques, mais le regard des autres et de soi sur son corps, et le déni de ses envies.
Faut-il néanmoins tendre vers une sexualité plus spirituelle ?
Le premier pas à franchir sur le chemin d’une sexualité épanouie est de renoncer à l’obsession de la « performance ». Il faut lâcher la tyrannie du « plus vite, plus fort » pour explorer un éros plus sensuel, plus conscient. La vraie jouissance amoureuse ne cherche pas à atteindre un objectif, elle est communion voluptueuse, connivence intime. Elle mêle harmonieusement lien émotionnel et contact physique. Elle fait appel à l’imaginaire érotique. Les pratiques orientales sont source d’inspiration en la matière. Les adeptes du tantrisme, cette voie érotique venue d’Inde, ont appris à connecter leurs énergies sexuelles en se regardant dans les yeux, en respirant ensemble.
Comment opérer cette mutation vers une « sexualité sensuelle » ?
Les femmes ont un rôle important à jouer. Elles sont naturellement douées pour cette forme d’accomplissement amoureux dans la sérénité, le partage, la lenteur et la douceur. Les hommes qui accepteront de se dépouiller de leurs oripeaux de virilité découvriront avec leur partenaire l’immensité et l’intensité des plaisirs de cette « mise à nu ».