Naissance à Central Park
L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing ou « désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires ») est un bel exemple de découverte inattendue. Nous sommes en 1987. Atteinte d’un cancer, la psychologue américaine Francine Shapiro, en balade dans Central Park, à New York, promène son regard sur le magnifique paysage qui l’entoure. Elle ressent alors un effet bénéfique sur son état mental et a l’intuition qu’il y a là un sujet à creuser.
Testée sur les vétérans de la guerre du Vietnam, cette psychothérapie par mouvements oculaires, simple en apparence, va se révéler très efficace dans le traitement des troubles de stress post-traumatique liés à des épisodes de vie particulièrement violents : deuils, attentats, guerres, catastrophes naturelles, agressions physiques, sexuelles ou psychologiques.
Objet de nombreuses études scientifiques internationales, l’EMDR est désormais reconnue par la Haute Autorité de Santé et l’Organisation Mondiale de la Santé. Plus de 2 millions de patients dans le monde ont bénéficié à ce jour de cette thérapie.
Des symptômes handicapants
La victime d’un choc traumatique peut revivre la scène lors de « flash-backs » soudains la replongeant dans le passé, mais son cerveau peut également être resté « bloqué » sur l’événement traumatisant et l’avoir effacé de sa mémoire consciente.
Les troubles du stress post-traumatique (TSPT) se manifestent alors par des images, des pensées, des cauchemars ou des réapparitions qui surviennent brutalement suite à un stimulus (son, lieu, odeur…). Ces troubles entraînent des sensations physiques désagréables : sueur, pâleur, tachycardie, attaques de panique, angoisses, terreurs nocturnes… L’état de stress s’accompagne d’hypervigilance, d’irritabilité, de difficultés de concentration. Ces troubles risquent d’engendrer, à long terme, un manque d’élan vital, une indifférence affective et émotionnelle, voire un état dépressif.
Comment se déroule une séance ?
La pratique de l’EMDR est exclusivement réservée aux psychothérapeutes, psychiatres ou psychologues certifiés par EMDR France.
En début de séance, le thérapeute demande au patient de se remémorer le souvenir douloureux, ou de se concentrer sur les pensées et images générant les troubles.
Il va ensuite combiner cet état à des stimulations sensorielles bilatérales alternées, le plus souvent des mouvements rapides des doigts que le patient doit suivre des yeux. Le traumatisme peut alors refaire surface consciemment chez le patient qui l’avait enfoui. L’objectif est que chaque patient, en fin de séance, puisse évoquer son souvenir traumatique avec détachement, sans être assailli par les émotions négatives, et que de bonnes sensations corporelles confirment que la séance a produit les effets escomptés.
Comment fonctionne l’EMDR ?
Au cours du sommeil paradoxal, l’activité cérébrale est proche de celle de la phase d’éveil. Le cerveau traite tous les événements récents, les yeux bougent sans cesse et de nombreuses connexions cérébrales permettent de canaliser les émotions générées par les souvenirs. L’EMDR reproduit ce mécanisme de façon éveillée.
Chaque séance dure entre 60 et 90 minutes. Elles doivent être espacées car elles peuvent être éprouvantes pour le cerveau et générer de la fatigue chez le patient.
Si trois à quatre séances peuvent suffire à traiter un traumatisme isolé, les cas plus complexes requièrent parfois plusieurs mois de thérapie. Pour les enfants, les séances sont plus courtes et peuvent se faire en la présence rassurante des parents.